2. Le contexte pancanadien et québécois

23 avril 2015

4. Un régime Harper fatigué face à une opposition faible

Le virage opéré par le régime Harper depuis 2006 a fait du Canada une puissance impérialiste qui reste de second ordre mais qui a gagné en autonomie dans sa capacité d’action militaire et est plus déterminée que jamais à défendre les intérêts des grandes entreprises basées sur son territoire. Il a aussi fait du Canada un empire extractiviste de premier ordre, dont la force économique repose sur les secteurs énergétique et minier, avec l’appui d’un secteur financier de calibre mondial. Retour ligne automatique
Le gouvernement canadien a fait du développement des énergies fossiles à partir des sables bitumineux le moyen de positionner Canada comme puissance économique de premier plan à ce niveau. Son objectif stratégique est de faire du pétrole le vecteur essentiel de sa politique énergétique. Cela l’a conduit à rejeter tous les efforts conséquents pour la réduction du gaz à effet de serre. Le gouvernement Harper soutient financièrement la volonté des entreprises pétrolières de couvrir le continent d’oléoducs pour pouvoir exporter un pétrole sale.

L’exploitation pétrolière et gazière dans l’Arctique est à l’ordre du jour. Les gouvernements québécois (tant celui de Pauline Marois que de Philippe Couillard) se sont fait les complices de ces objectifs de la bourgeoisie canadienne. Les grandes entreprises comme TransCanada rappellent, sans honte, que c’est le fédéral qui peut décider du passage du pétrole sur le territoire québécois et que le Québec et son gouvernement n’ont pas droit au dernier mot à ce propos. Le peuple québécois se voit réduit au silence sur des décisions qui conditionnent son avenir.

Le budget militaire n’a pas cessé d’augmenter pour le plus grand profit des marchands de guerre. Douze ans d’intervention en Afghanistan a semé la destruction et n’a pas fait reculer significativement la misère. La corruption des autorités afghanes que le gouvernement canadien soutenait est de notoriété publique. Le gouvernement Harper s’engage maintenant dans des frappes aériennes en Irak et en Syrie contre l’État islamique se faisant ainsi l’allié objectif de Bachar el Assad. Ces frappes aériennes (sans déploiement d’armées au sol) et la mise sur pied d’une coalition, ne cherchent qu’à créer les conditions de l’acceptabilité sociale d’une intervention plus massive et plus prolongée afin de consolider la domination des puissances occidentales sur la région et la recolonisation de cette partie du monde dans leurs intérêts. La couverture humanitaire de cette intervention impérialiste est presque inexistante. Cette intervention conduira à la détérioration de la paix dans le monde, au renforcement de l’insécurité, augmentera les risques de restrictions des droits démocratiques et de développement de l’islamophobie. Le soutien à la construction d’un mouvement antiguerre massif est la condition de la défense des droits démocratiques de la majorité populaire.

Le discours de la « guerre contre le terrorisme » a été renouvelé à la faveur des attentats d’Ottawa, de Saint-Jean-sur-le-Richelieu et de Paris, avec en arrière-plan les horreurs commises par le Groupe état islamique, Boko Haram et d’autres. Ceci a permis une radicalisation des politiques répressives, de surveillance et d’attaques contre les libertés civiles, sous la forme du projet de loi C-51. C’est en tablant sur la peur du terrorisme que ce régime usé espère rallier une base suffisante pour se maintenir au pouvoir.

La marche forcée des Conservateurs vers une démocratie restreinte doit être soulignée, et particulièrement au niveau de la restriction des droits démocratiques du mouvement syndical qui est une des cibles privilégiées du gouvernement Harper. Le gouvernement conservateur cherche à affaiblir le mouvement syndical : multiplication des lois obligeant le retour au travail, lois restreignant les possibilités de syndicalisation, loi pour limiter l’autonomie et l’indépendance des syndicats. La remise en question de la formule Rand est dans la mire de ce gouvernement. À cela s’ajoute une politique de plus en plus répressive contre la population immigrée, sans parler de l’odieuse politique contre les communautés autochtones. Cette politique de restriction des droits démocratique s’habille du conservatisme moral et, en ce domaine, ce sont les femmes qui sont les principales visées.

Les partis d’opposition

À l’exception de quelques enjeux relatifs aux politiques sociales et à des artifices de rhétorique, le Parti Libéral du Canada s’est rallié à tous les aspects essentiels de la politique conservatrice (C-51, oléoducs…), ce qui démontre que cette dernière est en fait la nouvelle stratégie d’ensemble de la classe capitaliste canadienne et non celle d’un seul parti. Cette réalité démontre les limites et le caractère illusoire de l’orientation des centrales syndicales canadienne et québécoises de la perspective visant à chasser Harper aux prochaines élections y compris en votant pour le Parti libéral du Canada. Celui-ci vient d’ailleurs de se surpasser dans la surenchère impérialiste en reprochant aux Conservateurs de ne pas augmenter les budgets militaires assez rapidement.

Le NPD, sous Mulcair, oscille constamment entre le ralliement au consensus de la classe dominante sur certaines questions (Énergie Est, Israël) et la résistance parlementaire et légale face à d’autres (Poste, C-51, Irak), en continuité avec les origines syndicales et populaires de ce parti. Son incapacité à maintenir la deuxième place obtenue en 2011 est essentiellement le résultat des politiques social-libérales de ses composantes provinciales. Celles-ci ont mené à une série de campagnes électorales désastreuses au cours des derniers mois (Nouvelle-Écosse, Ontario, Colombie-Britannique…). Ironiquement, ce n’est qu’au Québec que le NPD reste fort, parce que l’opinion publique québécoise n’est pas confrontée à une section provinciale sociale-libérale ou à un gouvernement NPD impossible à distinguer de ses équivalents conservateurs ou libéraux. La même logique consistant à « sortir les sortants » qui avait causé la « vague orange » semble être aussi derrière les succès du NPD dans les élections provinciales albertaines. Mais on ne construit pas une majorité politique effective à l’échelle pancanadienne uniquement sur ce type de sentiment.

Le Parti Vert continue à incarner une sorte de capitalisme vert pâle bien intentionné. Ce qui est suffisant pour lui conserver une certaine place dans le paysage politique, mais pas pour en faire une alternative crédible à gauche du NPD ou un point de ralliement pour une perspective écosocialiste.

Le déclin à long terme du Bloc québécois se poursuit, sous la forme de la crise de leadership qui a mené à la victoire de Mario Beaulieu et au départ de trois de ses cinq députés. Ses belles intentions pédagogiques indépendantistes sont assombries par son ralliement au nationalisme identitaire islamophobe de la Charte des valeurs. Le volontarisme sur l’indépendance ne fait pas une stratégie et constitue en fait rien de plus que l’envers de l’attentisme typique des directions du PQ.

La défense des intérêts du Québec était un fonds de commerce incapable de livrer la marchandise. L’usure du Bloc québécois aux yeux d’une partie substantielle de la population du Québec reflétait le rejet de cette une impuissance politique désormais constatée largement. Mario Beaulieu, le nouveau chef élu du Bloc québécois, tente de se distancier du discours traditionnel du Bloc québécois dirigé par Gilles Duceppe.

Mais il reste engoncé dans la logique pédagogique du « sortir, parler, convaincre le peuple de l’indépendance ». Mais il n’avance aucune stratégie pour lutter contre les politiques néolibérales des partis libéraux et conservateurs. Il ne suggère aucune initiative pour en finir avec le gouvernement Harper et pour en finir avec une politique de régression sociale, démocratique et environnementale d’Ottawa qui touche le Québec de plein fouet. Il ne développe aucune politique vis-à-vis des mouvements sociaux canadiens qui pourraient être gagnés à la défense du droit à l’autodétermination du Québec. Si sa prise de position claire et nette contre le le projet de l’oléoduc Énergie Est de Transcanada lui permet de parler aux personnes ayant une sensibilité environnementaliste, il n’en reste pas moins que son rejet de toute perspective d’alliance au niveau pancanadien, empêche qu’il soit un facteur important dans cette lutte. L’adoption d’une position similaire par le caucus du NPD (ce qui semble s’annoncer) permettrait de renforcer au projet de désenclavement du pétrole tiré des sables bitumineux.

Les deux issues les plus probables aux prochaines élections fédérales, prévues pour le 19 octobre, sont le prolongement du régime conservateur mais avec un mandat minoritaire fragile, ou l’élection d’un gouvernement minoritaire libéral appuyé sur le NPD. Dans le premier cas, il n’est pas exclu qu’une alliance PLC-NPD force la main du gouverneur général et conduise rapidement au second scénario sans recours à une nouvelle élection. D’une manière ou d’une autre, nous sommes au bord d’une période d’instabilité en politique canadienne avec une lutte à trois partis.

L’alliance parlementaire probable PLC-NPD (après l’élection) pourrait contribuer à ouvrir un espace à gauche vers la formation d’une alternative enracinée dans les luttes sociales et politiques, en rupture avec le social-libéralisme et le nationalisme économique du NPD. Une telle alliance ne sera pas annoncée avant l’élection pour laisser se dérouler la lutte à trois. Après, il ne sera pas question d’une coalition gouvernementale mais d’un appui parlementaire du NPD pour un gouvernement libéral minoritaire.

Les luttes sociales sont dispersées et modestes en dehors du Québec. Il n’y a pas d’élan profond de la base pouvant secouer la bureaucratie des syndicats et du NPD comme ce fut le cas en 2001-2003 avec les mouvements altermondialiste et pacifiste, ce qui devait donner naissance à NPI (New politics initiative), le mouvement s’étant approché le plus d’un renouvellement de la gauche politique, avec l’appui du tiers des délégué-e-s au congrès pancanadien du NPD.

Le Forum social des peuples d’août 2014 a toutefois donné une impulsion significative dans cette direction en réunissant (pour la première fois ?) des milliers de militantes et des militants du Québec, du Canada anglais et des Premières Nations. On remarque aussi depuis quelques années l’émergence de nouveaux groupes radicaux enracinés dans des dynamiques locales (à Halifax, Ottawa, Toronto, Hamilton et Vancouver, notamment). L’exemple de Québec solidaire et d’autres nouveaux partis ailleurs dans le monde donne aussi des idées à plusieurs dans la gauche canadienne. On peut souhaiter que les initiatives en cours mènent à moyen terme à la formation d’un nouveau parti pluraliste de la gauche radicale dans l’État canadien. Mais le défi est de taille.

5. Des partis bourgeois québécois acquis au néolibéralisme, à l’extractivisme, et à diverses variantes de l’autonomie provinciale

PLQ – agent de la fraction la plus fédéraliste de la bourgeoisie québécoiseRetour ligne automatique
Le Parti libéral du Québec est le représentant de cette fraction fédéraliste inconditionnelle de la bourgeoisie canadienne et de ses associés québécois. Il combine une politique néolibérale conséquente à un projet de dénationalisation de la société québécoise.

Le PLQ veut systématiser les politiques d’austérité. Au nom de la poursuite du déficit zéro, comme le gouvernement péquiste avant lui, il s’attaque aux services publics par les compressions dans les dépenses et la tarification des services. Il évalue par une série de ballons d’essai les points de moindre résistance dans l’implantation de ses contre-réformes. Il veut ainsi créer une insuffisance des services publics pour justifier leur privatisation. Il cherche à détruire les mécanismes de représentation citoyenne dans les institutions de l’État. Le projet de réforme du système de santé du ministre Barrette en est la plus récente illustration. Il participe de l’accaparement des richesses vers les sommets de la société en refusant de remettre en question la fiscalité et en refusant de s’attaquer aux échappatoires fiscales de tout genre. Au contraire, sous prétexte de rendre la fiscalité plus concurrentielle, il s’apprête à la rendre encore plus inéquitable. L’attaque contre le projet de loi sur les retraites des employéEs municipaux participe de ces attaques contre une répartition plus juste des richesses.

En soutenant l’impossibilité de tout amendement à la constitution canadienne, en dédramatisant les menaces sur la langue française comme langue commune, en soutenant les entreprises guerrières d’Ottawa (déclaration de Couillard à ce propos), les politiques du premier ministre Couillard s’inscrivent dans les politiques conservatrices visant à apporter sa contribution à la stratégie de nation building canadien du gouvernement Harper.

Relance du Plan Nord et dans sa suite, investissements dans Gaz Métro, construction d’infrastructures pour les minières, le gouvernement Couillard inscrit sa politique économique dans une logique extractiviste. Cette politique est la mise en œuvre de la promotion des intérêts du capital financier et pétrolier qui vise à faire du Canada une puissance de première importance au niveau des exportations des énergies fossiles et cela avec le soutien de Washington.

La politique économique du gouvernement Couillard concrétise l’alliance de la bourgeoisie canadienne et québécoise autour de cette perspective. La vaste majorité de la bourgeoisie québécoise n’a pas de projet économique ou politique propre. C’est pourquoi, on peut dire qu’elle est apatride. Cette alliance implique également, non seulement le secteur fédéraliste, majoritaire de la bourgeoisie québécoise, mais également son secteur nationaliste. Il suffit de se rappeler les politiques mises de l’avant à ce niveau par le gouvernement Marois à cet égard et réaffirmées récemment par Pierre-Karl Péladeau : choix d’un développement marginal des énergies renouvelables qu’on laisse d’ailleurs aux mains du secteur privé.

Le capitalisme est en crise. La classe dominante est à l’offensive. Poser les possibilités de réformes à froid capables de s’imposer sans essayer de bloquer les projets de la classe dominante est une stratégie sans aucune crédibilité. Le glissement de la social-démocratie européenne comme de la social-démocratie canadienne sur une orientation ouvertement néolibérale une fois au pouvoir – dans l’opposition elle peut se payer le luxe d’une rhétorique sociale libérale – en est la claire expression.

Cela signifie qu’un projet économique, politique et social alternatif qui s’assume doit poser la nécessité d’en finir avec le projet de la classe dominante qui est de renforcer la concentration de la richesse, de justifier le renforcement des inégalités, et affaiblir durablement les organisations syndicales, populaires, féministes et jeunes qui résistent à leur projet antisocial. Un projet de réelle transformation sociale est un projet de rupture avec la logique économique que nous impose la crise capitaliste actuelle et les réponses que donne la classe dominante à cette crise…

Quelle politique énergétique ? Quelle politique industrielle ? Quelle politique fiscale ? Quelles politiques pour un Québec indépendant… qui n’accepte pas de se construire dans le cadre d’un État provincial ? Un projet alternatif doit donner des réponses claires qui vont dans le sens des intérêts de la majorité populaire. Il ne peut se contenter de mettre de l’avant des petits projets éclatés sans vision d’ensemble. Retour ligne automatique
PQ – Un vernis souverainiste qui n’arrive plus à cacher un ralliement total au statu quoRetour ligne automatique
Le Parti québécois manifeste depuis toujours une incapacité organique à confronter la bourgeoisie canadienne et son État. La politique concrète du gouvernement Marois s’était alignée complètement sur les intérêts de l’oligarchie régnante au Québec et sur une collaboration ouverte avec les projets de la bourgeoisie canadienne… Le gouvernement Marois a, encore une fois, démontré la politique pro-capitaliste des gouvernements péquistes comme cela a été le cas entre 1994 et 2003.

La crise profonde du mouvement souverainiste depuis la défaite de 1995 se poursuit. La troisième place du PQ en 2007, causée en partie par la démagogie de l’ADQ autour des « accommodements raisonnables », a conduit à l’arrivée de Marois aux commandes et à un virage « identitaire » qui a fait des ravages. Des liens directs ont même été établis entre certains militants « souverainistes » français (du Front national) et des membres influents du PQ. Les candidats Péladeau et Drainville ont dû prendre leur distance face à ces alliés embarrassants.

La victoire maintenant inévitable du magnat de la presse et champion du lock out indique clairement qu’il ne reste rien du « préjugés favorable aux travailleurs » de 1976. Tout ce qui maintient ensemble les morceaux rapiécés de cet édifice en ruine est la pensée magique autour d’un « sauveur », d’un chef qui mènerait les troupes dociles vers la victoire. Mais, comme le lui permet sa popularité en téflon, PKP n’exprime que des généralités et ne s’engage à rien. Parions que son leadership sera en continuité avec celui de Marois : pro-patron, pro-pétrole, autonomiste dans les faits (avec de la rhétorique indépendantiste comme givrage sucré), bref foncièrement conservateur.

Le secteur nationaliste de la bourgeoisie québécoise a toujours reculé aux moments cruciaux face à la rupture avec l’État canadien et elle est moins décidée que jamais, à faire un tel saut. C’est pourquoi l’écart entre les prétentions indépendantistes et les stratégies mises de l’avant par le PQ risque d’être particulièrement abyssal et déchirant. Nous entrons donc dans une période où le défi principal est de construire un nouveau bloc indépendantiste autour d’un projet de société égalitaire et d’un processus radicalement démocratique d’accession à l’indépendance par l’élection d’une assemblée constituante. La majorité sociale, formée par les classes ouvrières et populaires, peut et doit devenir la majorité politique porteuse de ce nouveau projet d’émancipation sociale et nationale.

La perte d’hégémonie du Parti québécois sur le mouvement indépendantiste n’a pas fini de rebondir. La volonté de nombre d’indépendantistes de construire un mouvement de citoyen pour l’indépendance en l’illustration la plus parlante. Si l’on peut et doit appuyer le développement d’un tel mouvement, ce dernier, comme les autres mouvements sociaux, va s’orienter et fixer des objectifs à partir des débats politiques qui vont traverser les partis politiques. Cela pose des défis importants pour que ce mouvement citoyen ne soit pas inféodé aux Parti québécois et à ces orientations politiques.

Les pièges du débat identitaire

La CAQ, rendue caduque sur le plan économique par la détermination néolibérale de Couillard, tente de se donner une nouvelle raison d’être en prenant, elle aussi, un « virage identitaire » aussi inquiétant qu’irréfléchi (police des valeurs, examens de québécitude, etc.). En 2018, l’électorat conservateur aura donc le choix entre la xénophobie autonomiste sans conséquence de Legault et la xénophobie superficiellement souverainiste du PKPQ.

Face à un PQ de plus en plus conservateur et à une CAQ qui retourne à ses racines populistes du temps de Mario Dumont, le PLQ sera-t-il le seul défenseur des droits démocratiques des minorités et d’une vision pluraliste du Québec ? Il est temps que Québec solidaire clarifie sa position sur l’ensemble de ces questions et tourne le dos à tout ce qui reste de concessions à l’islamophobie ambiante et aux préjugés des secteurs réactionnaires de la population. L’opposition de QS à la Charte du PQ ne devrait pas être partielle (uniquement sur le port de signes religieux, et avec des nuances) mais totale. Notre vision du Québec devrait être rigoureusement inclusive et notre vision de la laïcité résolument incompatible avec la stigmatisation des minorités et les mesures de répression administratives. Le vernis féministe ou démocratique que certains groupes (comme le PDF ou le MLQ) cherchent à donner à une politique réactionnaire d’intégration (en fait d’assimilation et d’exclusion) doit être décapé par la critique et une approche intersectionnelle, telle que préconisée par la FFQ. Retour ligne automatique
Québec solidaire peut se donner une identité très claire sur le paysage politique québécois en se définissant comme indépendantiste – sans association, sans tergiversations, et avec un projet radicalement démocratique – et pluraliste : en défense des droits des minorités, contre le nationalisme ethnique, avec le français comme langue des institutions communes et une laïcité qui concerne l’État et non les personnes et qui permet justement à celles-ci d’afficher leurs différences sans craintes. À l’approche libérale de défense abstraite de l’égalité, il faut opposer une lutte contre l’oppression et une intégration par la solidarité et les luttes.

Le rôle du Réseau écosocialiste, sur ce plan, est d’organiser ceux et celles qui souhaitent une telle évolution de QS et de mener un patient travail de clarification idéologique et programmatique.