Le grand débat du Conseil national de Québec solidaire de novembre 2016 sera la question des alliances et convergences possibles avec d’autres forces politiques et sociales, dans une situation politique changeante. Tant les risques que les possibilités sont grandes pour le parti. Le pire résultat serait de prolonger la période d’hésitations et de divisions qui nous a mis sur la défensive depuis déjà trop longtemps. Heureusement, l’évolution récente du paysage politique nous donne une occasion de refaire notre propre unité autour d’une perspective stratégique claire et de propositions concrètes qui permettraient à Québec solidaire de se positionner au centre d’une recomposition des forces indépendantistes et progressistes.
D’abord, la victoire de Jean-François Lisée marque un approfondissement de l’évolution du PQ vers un nationalisme conservateur qui écarte la perspective de l’indépendance. Abandonnant la rhétorique de plus en plus vide de sens de « l’unité des souverainistes », il propose une convergence vaguement progressiste contre le gouvernement libéral. L’expérience récente du PQ au pouvoir nous permet de conclure que cette opération de charme visant les mouvements sociaux n’est qu’une mascarade. En même temps, environ 10 000 membres du PQ avaient choisi la candidature de Martine Ouellet, avec son engagement ferme à mener une lutte pour l’indépendance dès l’élection de 2018. Ces personnes ne peuvent qu’être amèrement déçues et certaines d’entre elles pourraient être tentées de se rallier à une alternative.
L’arrivée inattendue du collectif Faut qu’on se parle, et la grande popularité de sa tournée de consultations, ajoutent un nouveau joueur dont les objectifs restent à définir, mais avec un profil politique clairement compatible avec les orientations de Québec solidaire. Étant donné leur parti pris indépendantiste et leur opposition déjà déclarée pour le nationalisme identitaire de la Charte des valeurs, on peut difficilement envisager un ralliement de ce groupe derrière le PQ de Lisée. Mais leur participation à une coalition politique avec nous n’est pas gagnée d’avance pour autant.
Du côté d’Option nationale, la participation à la table de concertation des partis des OUI-Québec, avec le PQ, doit être de moins en moins attrayante. La réaction de la direction des OUI-Québec à la victoire de Lisée, avec leur proposition d’élargir la discussion à d’autres enjeux programmatiques à défaut d’une possible alliance électorale, démontre clairement que leur objectif premier est le ralliement autour du PQ et non la lutte pour l’indépendance. Si Québec solidaire annonçait clairement son intention de mettre l’indépendance au cœur de son travail politique avant, pendant et après les élections générales de 2018, on devrait s’attendre au minimum à une ouverture à la discussion de ce côté.
Pour une convergence indépendantiste et progressiste en 2017 et en 2018
Au-delà des divergences entre les deux options présentées par le CCN au sujet de la démarche des OUI-Québec, on remarque plusieurs éléments communs. Nous voulons tous et toutes rassembler au-delà des rangs du parti sur la base de certains axes politiques bien définis :
Une perspective indépendantiste claire, immédiate et enracinée dans les enjeux actuels ;
- La réforme de nos institutions démocratiques, avec l’Assemblée constituante et le scrutin proportionnel ;
- Le rejet des politiques d’austérité et du néolibéralisme, doctrine commune à la CAQ, au PLQ et au PQ, incluant les traités de protection des investisseurs (dits de libre-échange) ;
- Une transition énergétique rapide, animée par un investissement public massif dans de nouvelles infrastructures de transport ;
- Une vision inclusive et citoyenne du peuple québécois, loin de tout conservatisme identitaire, et solidaire des Premières nations.
Pour mettre cette perspective en pratique, il convient de poser des gestes concrets et de mettre de l’avant des projets rassembleurs. Étant donné l’échec évident de la démarche de convergence initiée par les OUI-Québec, échec que cette organisation ne semble pas capable de reconnaître, le débat amorcé au début de l’automne est déjà caduc et doit céder la place à une nouvelle série de propositions.
Nous invitons le CN à adopter les propositions suivantes :
1. Que Québec solidaire annonce dès maintenant son intention de faire de la question de l’indépendance du Québec un élément central de sa plateforme électorale lors des élections générales de 2018.
2. Que Québec solidaire invite Option nationale, le collectif Faut qu’on se parle et toute autre organisation indépendantiste et progressiste intéressée, à entamer des discussions formelles en vue d’une alliance électorale lors des élections générales de 2018.
3. Que Québec solidaire mène, seul ou en collaboration avec d’autres partis et organisations, à partir du printemps 2017, une campagne pour l’indépendance du Québec qui liera la question nationale avec les enjeux de la réforme de nos institutions démocratiques, de la transition énergétique et du climat, de la protection des services publics et des programmes sociaux et la lutte contre la pauvreté et les inégalités, sur la base d’une vision féministe, inclusive et civique de la nation québécoise et en solidarité avec les Premières nations et leur droit à l’autodétermination.
4. Que Québec solidaire décline l’invitation des OUI-Québec à participer à l’élaboration d’une feuille de route commune pour l’indépendance avec le Parti québécois, attendu que celui-ci a choisi un chef qui s’est engagé à ne pas mettre la question de l’indépendance de l’avant lors de la prochaine élection générale.
Réseau écosocialiste, novembre 2016
Site web : écosocialisme.ca
Facebook : https://www.facebook.com/ReseauEcosocialiste
Courriel : reseauecosocialiste@gmail.com